Pequignet : la tradition du luxe à la française

Depuis plus de 40 ans, la manufacture Pequignet réinvente le luxe horloger à la française. Minute Montre s’est rendu au siège de la marque pour visiter les ateliers et s’entretenir avec ses dirigeants.

Pequignet, une histoire Française depuis 1973

Né dans la région du Haut-Doubs, Emile Pequignet a toujours travaillé dans l’horlogerie traditionnelle. Il décide de créer la marque en 1973, alors que le monde horloger s’apprête à subir de plein fouet la démocratisation des montres à quartz.

Plateau du Jura, proche de Morteau
Région du Haut-Doubs, à quelques kilomètres de Morteau

Il propose à ses clients de personnaliser l’apparence de leurs montres avec une grande variété de bracelets dès la création de la marque. Passionné par l’équitation, il associe la marque à de nombreux évènements hippiques. Il développe la collection Moorea, qui porte le nom de son cheval de course préféré.

Pequignet Moorea
Pequignet Moorea

Le design atypique du bracelet Moorea et le soin apporté aux cadrans propulse la marque sur le devant de la scène, en particulier auprès de la clientèle féminine. Dans les années 1990, la marque Pequignet est avant tout synonyme de luxe et d’élégance à la Française. Aujourd’hui encore, la collection femme reste ancrée dans les codes esthétiques du milieu équestre.

Après avoir pris une retraite bien méritée, les rênes de la marque sont reprises par Didier Leibungut en 2004. Suite à un passage chez Zenith, il croit fermement au retour de l’horlogerie authentique et fait le pari fou de développer un calibre manufacture.

La marque devient une manufacture à part entière, mais le développement du calibre demande un investissement considérable. Pequignet doit faire face à de grandes difficultés financières. Elle est reprise par quatre de ses anciens cadres en 2017. Après une importante restructuration, Pequignet entends bien devenir un acteur majeur du secteur horloger.

 

Le calibre Royal, un mouvement à part

calibre royal
Calibre Royal / Crédit photo : Pequignet

La naissance du calibre Royal a demandé à la marque six ans de recherche et développement. Créé entièrement à partir d’une feuille blanche, sa conception a nécessité plus de 250 plans industriels. Visuellement, on constate tout de suite qu’il est très différent des calibres « standards » comme l’ETA 2824.

Contrairement à la majorité des mouvements de montres, il a été conçu dès le départ avec ses complications intégrées dans la platine. Peu importe si la montre possède une fonction GMT, une réserve de marche ou une phase de lune, le calibre gardera toujours la même épaisseur. C’est un atout indéniable qui permet aux montres Pequignet Manufacture de rester fines, malgré la présence de nombreuses complications. Son grand barillet central offre 88 heures de réserve de marche, et 100 heures pour la version à remontage manuel. Autre innovation, le changement de date s’effectue en deux centièmes de secondes, évitant ainsi d’endommager le mécanisme lors de  manipulations de la couronne. Si la montre automatique est arrêtée, son système unique de débrayage donne le ressenti d’un mouvement manuel lors de son remontage.

Calibre Royal / Crédit photo : Pequignet

Ce mouvement démontre sans aucun doute le savoir-faire de Pequignet en matière d’horlogerie, et fait la fierté de la marque. Aujourd’hui, le calibre Royal est le seul calibre de manufacture Français qui a été 100% développé en interne, dans le laboratoire de haute horlogerie de l’entreprise.

 

Visite de la manufacture

Siège de Pequignet à Morteau
Siège de Pequignet à Morteau

Dani Royer, dirigeant et ingénieur R&D, a eu la gentillesse de me faire visiter la manufacture. Les locaux sont situés à Morteau, au cœur du Jura horloger.  Les plus grandes manufactures Suisses se trouvent à seulement quelques kilomètres de là, dans la région de La-Chaux-De-Fonds. Les fabriques de montres y sont présentes depuis le 18ème siècle. Pequignet est d’ailleurs labélisée Entreprise du Patrimoine Vivant depuis 2014.

Contrôle pièce Pequignet
Contrôle pièce / Crédit photo : Pequignet

J’ai eu la grande chance de visiter le laboratoire de Haute Horlogerie, où a lieu toute l’activité de Recherche et Développement. Des machines de pointe comme une caméra haute fréquence ou un système de contrôle optique 3D y sont présentes. J’ai pu observer le saut de date du calibre Royal au ralenti. Le rendu est extraordinaire et permet de se rendre compte de la force exercée sur les disques. Un spectacle bien impossible à voir à l’œil nu.

Le travail sur ordinateur permet d’effectuer des simulations ou d’observer les points de contraintes sur les pièces. C’est dans ces locaux que les prototypes des futures collections sont développés. Cette pièce recèle également l’ensemble des dessins industriels ayant donné naissance au calibre royal. Un espace est réservé pour la partie administrative, qui s’occupe entre autres de la relation client et du marketing.

Ateliers de Pequigne
Ateliers de Pequignet / Crédit photo : Pequignet

Les ateliers de la manufacture sont situés à l’étage. Les horlogers travaillent sur l’assemblage des montres, les finitions, le contrôle qualité… Là aussi, de nombreuses machines permettent un réglage et un contrôle qualité optimal. Il faut savoir qu’une montre Pequignet Manufacture est testée environ six semaines au total. Un deuxième contrôle de la précision des montres a lieu juste avant l’expédition. Les exigences de ce test réalisé en interne sont mêmes supérieures à celles de la certification COSC.

Contrôle calibre royal /
Contrôle calibre royal / Crédit photo : Pequignet 

 Présentation des collections de la marque

Pequignet a fait le choix de diviser son offre entre la gamme Manufacture et la gamme Horloger-Créateur.

La gamme Manufacture :

Elle comprend uniquement les modèles équipés du calibre Royal. La dernière-née est la Royale Manuelle, en 42mm. Comme son nom l’indique, c’est le seul modèle de la gamme qui dispose du calibre royal avec un remontage manuel. La Royale Manuelle est le modèle le plus épuré, avec trois aiguilles dont une petite seconde située à 6h00. A 2850€, elle constitue une très belle porte d’entrée pour la gamme manufacture.

Pequignet Royale Manuelle
Pequignet Royale Manuelle / Crédit photo : @nicedily sur Instagram
Pequignet Royale Manuelle
Pequignet Royale Manuelle / Crédit photo : @nicedily sur Instagram

Ensuite, La Rue Royale en 42mm est le modèle phare de la collection. Elle est proposée avec différents niveaux de complications, de la réserve de marche uniquement auquel peuvent venir se greffer la date, une phase de lune, et un GMT avec indicateur jour/nuit.

Pequignet Rue Royale GMT
Pequignet Rue Royale GMT / Crédit photo : @nicedily sur Instagram
Pequignet Rue Royale Réserve de March
Pequignet Rue Royale Réserve de Marche / Crédit photo : JRD

On trouve aussi  la Paris Royale en 41mm, plus traditionnelle et habillée. La Royale Grand sport est plus imposante, avec un diamètre de 44mm.  Une version de la Royale Grand Sport est équipée d’un cadran laqué noir, qui lui donne une très belle présence au poignet.

Pequignet Paris Royale
Pequignet Paris Royale / Crédit photo : Pequignet

La gamme manufacture inclut également deux montres sportives : la Royale Titane en 44mm et une montre de plongée, la Royale 300.

Pequignet Royale Titane
Pequignet Royale Titane / Crédit photo : Guillaume.D
Pequignet Royale 300
Pequignet Royale 300 / Crédit photo : Pequignet

La gamme Horloger-Créateur :

Elle est plutôt dédiée aux femmes. Les modèles sont équipés principalement de mouvements à quartz. On commence par la collection Moorea, proposée en 36 et 29mm avec son bracelet atypique et son cadran nacré. Le modèle attelage, inspiré par l’univers équestre, est une montre très féminine avec de belles proportions. Elle dispose d’un système de changement rapide de bracelet.

Pequignet Attelage
Pequignet Attelage / Crédit photo : Pequignet

Enfin, le modèle Equus, rond et plus minimaliste, possède un diamant situé à 12h00 ainsi qu’un joli traitement de cadran.

Pequignet Equus
Pequignet Equus / Crédit photo : Pequignet

Pour les hommes, le modèle Exagone sort de l’ordinaire en mêlant habilement les formes rondes et hexagonales.

Pequignet Exagone
Pequignet Exagone / Crédit photo : Pequignet

Rencontre avec Aymeric Vernhol, dirigeant et responsable communication/export de Pequignet

 

Bonjour Aymeric, pouvez-vous nous présenter votre parcours en quelques mots ?

Je m’appelle Aymeric Vernhol, j’ai 49 ans et je travaille dans l’horlogerie depuis 26 ans maintenant. J’ai démarré chez Swatch Group sur la marque Tissot puis je suis passé chez Hamilton en tant que brand manager. Ensuite je suis parti chez le groupe Festina pendant 7 ans ou j’étais en direction commerciale et en implantation pour Perrelet. J’ai intégré Pequignet depuis maintenant 5 ans. L’investisseur principal a souhaité arrêter son activité pour des raisons personnelles, ce qui a entrainé la mise en liquidation de l’entreprise il y a presque deux ans.

Suite à la décision du tribunal de Besançon, nous avons récupéré l’activité de Pequignet avec trois associés. Après avoir exercé mes fonctions en tant que directeur commercial, je m’occupe désormais de tout ce qui est lié à la communication, de l’export et de la clientèle Parisienne.

En quoi la marque Pequignet vous attire particulièrement ?

L’entreprise réalise une vraie fabrication Française avec son calibre manufacture. Actuellement il n’existe pas de nomenclature sur la notion de fabrication Française, ce qui permet à n’importe qui de dire n’importe quoi.  Quand j’ai démarré chez Tissot en 1991, Pequignet était une marque de luxe, l’équivalent du Rolex d’aujourd’hui. C’était une belle marque, bien placée en prix, et présente sur l’ensemble des points de vente. Pour moi Pequignet est une vraie référence Française.

Pouvez-vous nous parler plus en détail du calibre manufacture ?

Pequignet a été rachetée en 2004, le dirigeant de l’époque a  fait un pari fou en recrutant deux ingénieurs, et en leur proposant de créer un calibre Français manufacture à partir d’une feuille blanche. Il y a eu six ans de développement et quatre ans de fiabilisation au total

La plupart des calibres d’horlogerie fonctionnent comme un sandwich. Les horlogers mettent la platine puis les complications, ajoutent les aiguilles et entassent étage par étage. Cela donne un calibre plus ou moins épais selon la qualité. Par exemple le Valjoux/ETA 7750 est extrêmement fiable mais très volumineux. Chez Pequignet, toutes les complications ont été intégrées dès la phase de développement du calibre. Le calibre royal ne peut pas se développer sur un chronographe, mais nous avons déjà intégré la fonction GMT et une version squelettée ou  un tourbillon seraient réalisable.

Pensez-vous développer un chronographe à l’avenir ?

Pas du tout, cela ne correspond pas à l’ADN de la marque et le marché est déjà saturé en chronographes. En revanche le GMT a été une bonne opportunité, et nous travaillons actuellement sur plusieurs choses comme des versions squelette et des tourbillons. Le grand barillet du calibre royal est tout à fait squelettable.  Ces deux projets devraient voir le jour dans un délai d’environ deux ans maximum.

Vous avez aussi des modèles intéressants sur la gamme horloger-créateur. Quelle part représente-t-elle dans votre activité ?

Le chiffre d’affaire de la marque repose essentiellement sur la collection horloger-créateur, car les marges sont plus réduites sur notre gamme manufacture. Les volumes ne sont pas suffisants pour dégager des marges importantes. En revanche, la collection manufacture est indispensable en terme d’image, de prestige et de marketing pour l’avenir.

Pouvez-vous nous parler du modèle Exagone, qui est sorti récemment ?

L’Exagone est une pièce historique de la marque. Depuis la reprise nous faisons évoluer des modèles qui ont déjà existés. Nous ne voulons pas multiplier les lignes, bien au contraire. Il est essentiel pour nous de produire une  collection concise et compréhensible, à la fois pour nos détaillants et nos consommateurs.

Pour la gamme horloger-créateur, nous allons nous concentrer sur le modèle Attelage, Equus et Moorea. Pour l’instant nous continuons la distribution des modèles Aviateurs, Odeon et Elégance ou Trocadero. Ce sont des modèles qui plaisent mais qui sont plus éloignés de l’essence même de la marque.

Les modèles féminins sont-ils importants pour vous ?

Bien sûr, l’ADN de la marque est également lié aux femmes. La marque Pequignet  a connu une très forte croissance suite au développement de ses montres pour femmes. A l’inverse des autres marques, les modèles féminins étaient conçus pour les femmes dès le départ. Ce n’était pas des modèles pour hommes adaptés en réduisant la taille du boîtier. Sur la ligne Moorea, seulement 8 références sur 30 sont des modèles masculins. Pequignet a été le premier à réaliser des modèles en acier et en or massif. Aujourd’hui nous ne produisons plus de montres en plaqué or sur Moorea.

Pequignet étant une marque Française, avez-vous aussi beaucoup de demande à l’étranger?

Concernant notre réseau de distribution, nous travaillons essentiellement avec des horlogers-bijoutiers. La collection manufacture fonctionne très bien au Japon, et la gamme Moorea a une notoriété incroyable au niveau de la clientèle Africaine et Européenne. Nos modèles acier et  or massif y sont très appréciés. Nous sommes aussi présents au Portugal, en Belgique, en Hollande, en Allemagne, en Suisse… Nous produisons également des pièces uniques pour le Moyen-Orient.

Internet est-il important pour vous ?

Internet représente indubitablement l’avenir. Nos détaillants les plus importants réalisent 50% de leurs ventes sur internet. Nous avons lancé notre magasin en ligne depuis décembre, et nous sommes passés par une agence pour la communication sur les réseaux sociaux. Nous avançons sur internet petit à petit.

Vos rééditez vos modèles historiques. Avez-vous conservé les archives de la manufacture, et assurez-vous le SAV de vos modèles vintage ?

Bien sûr, et c’est l’une des forces de notre marque. Comme le modèle des Swiss Made, nous garantissons  durant  20 ans la fourniture des pièces. Les modèles de l’époque avaient des mouvements ETA, donc nous pouvons assurer le service et la remise en état sans problème.

En tant que maison horlogère nous possédons un atelier et nous assurons notre propre SAV. Lorsque vous renvoyez votre montre, nous pouvons la refaire intégralement. Nous pouvons même recommander des pièces spécifiques pour les modèles vintage. Les fournisseurs Suisse de l’époque sont toujours en activité.

Etes-vous intéressés pour développer des éditions limitées ou exclusives pour certains marchés ?

Nous réalisons déjà ce type d’activité, en particulier au Japon.  Nous distinguons les modèles exclusifs, personnalisés et limités. Par exemple une phase de lune peut être modifiée pour y inclure un motif spécifique.  Nous pouvons réaliser des cadrans uniques. Nous avons une grande souplesse à ce niveau, car nous intégrons notre propre développement. Bien sûr, chaque réalisation fait l’objet d’une tarification spécifique.

Organisez-vous des visites de la manufacture ?

D’une manière générale, nous ne proposons pas de visites mais nous étudions les demandes au cas par cas. Cela peut se faire avec un détaillant par exemple. Nous recevons aussi certains clients et des équipes de vendeurs. Les portes ne sont pas fermées, mais nous ne pouvons pas accueillir des personnes à l’improviste pour des raisons évidentes d’organisation.

Comment voyez-vous l’avenir de la marque à plus long terme ?

Nous travaillons sur de nouveaux boîtiers pour la collection manufacture. Le marché demande des dimensions plus réduites, comme du 40 ou 41mm. Nous pouvons aussi jouer sur la finesse avec un verre un peu plus plat. Des modèles squelettes et à tourbillon sont à l’étude. Au niveau des matériaux pour les boîtiers, nous souhaitons rester sur de l’or ou du platine. Nous ne commercialisons que peu de montres sportives, Royale Titane et Royale 300. Etant une petite structure, nous sommes très à l’écoute de nos marchés et de nos distributeurs.

Souhaitez-vous dire quelques mots pour conclure?

Pequignet est une marque Française et une manufacture. Ce sont les arguments de vente de nos détaillants et aussi la satisfaction des clients. Nous essayons d’être authentiques, et nous avons des ambitions autant raisonnées que raisonnables. Nous avançons pas à pas, tout en restant à l’écoute des marchés et de nos clients. Nous prenons en compte les informations sur les forums horlogers et les réseaux sociaux pour avancer dans notre développement.

En conclusion

Depuis la reprise par ses quatre dirigeants en 2017, Pequignet s’engage sur une nouvelle voie. Malgré son savoir-faire horloger et un bon rapport qualité/prix sur la gamme manufacture, elle reste encore confidentielle auprès du grand-public. Un travail important de communication est entrepris afin de partager cette belle histoire Française et faire découvrir les collections. Je remercie toutes les personnes qui m’ont permis de me rendre compte de l’ampleur du travail accompli et de la passion qui anime toute l’équipe.

5 réponses sur “Pequignet : la tradition du luxe à la française”

  1. Le distributeur de pithiviers (Stéphane) a beaucoup fait pour nous faire connaître cette marque en renaissance. Maintenant il me tarde de faire grossir mon pécule pour acquérir ma rue royale GMT .

    1. Merci pour votre commentaire, en effet Pequignet est une marque qui mérite d’être plus connue. La rue royale GMT est superbe, très bon choix!

  2. Une rue royale un poil plus petite et plus fine serait une bonne chose. Vu toutes les informations sur le cadran, la seule solution me semble être d’affiner la lunette pour arriver à 41 mm, ou peut-être 40,5 mm.

  3. Magnifique manufacture et je souhaite qu’elle perdure longtemps. Actuellement entrain d’envisager l’acquisition d’une GMT bleue une tuerie mais la royale manuelle m’attire beaucoup ! Vive Pequignet

  4. Bonjour,
    J’aime beaucoup cette montre à remontage manuelle.
    Elle est simple et esthétique.
    Il faudrait pas grand chose pour que je me décide… Qu’elle soit à 39 avec des chiffres romains et des aiguille à la Breguet… Le rêve ! (surtout les chiffres romains 🙂)

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